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Depuis des années, les Français ont pris l’habitude d’intégrer le tri sélectif dans leur vie quotidienne. Néanmoins, chaque année, seules 60 à 70 % des bouteilles en plastique finissent recyclées. Pour tenter d’améliorer les choses, le gouvernement pense lancer un système de consigne. Le principe ? Les consommateurs paient 15 centimes de plus en achetant leurs boissons. Par la suite, ils pourraient récupérer cet argent, en ramenant leurs bouteilles en plastique dans les magasins. Ce fonctionnement rappelle les consignes concernant les bouteilles de verre. Mais l’association Amorce ne trouve pas cette mesure très pertinente. Dans une interview accordée à France Info, le délégué général de cette structure, Nicolas Garnier, a expliqué pourquoi certaines collectivités rejettent le projet.
Bouteilles en plastique : un recyclage partiel
D’après Nicolas Garnier, les bouteilles en plastiques n’ont pas réellement besoin de ce système de consigne. Et pour cause, il s’agit de l’un des déchets les mieux recyclés à notre époque. La majorité de la population sait très bien qu’il faut les jeter dans le bac jaune. Le projet de la secrétaire d’État Bérangère Couillard ne devrait pas proposer un changement révolutionnaire.
» On vous transforme en collecteur de déchets, mais pour en faire exactement la même chose que si vous l’aviez mis dans le bac jaune, simplement, ça va vous coûter 0,15 € de plus. »
Pour cet ingénieur, spécialisé dans le génie de l’environnement, le secteur des déchets et du tri a d’autre urgence à traiter avant les bouteilles en plastique. Il évoque ainsi le recyclage des emballages, bien plus problématique dans notre pays.
» La bouteille, c’est probablement même l’objet le mieux recyclé de France. On est entre 60 et 70% de recyclage. On est à presque zéro sur le pot de yaourt ou sur le paquet de chips. Les grands enjeux sont justement sur tout ce qui n’est pas une bouteille, tout le reste des emballages plastiques et même tous les autres plastiques, les jouets, les couches culottes. »
Les collectivités face à l’enjeu de la gestion des déchets.
Outre la collecte des bouteilles en plastique, Nicolas Garnier estime que les collectivités vont faire face à d’autres défis, à traiter en priorité.
» Il faut savoir que la collecte des déchets coûte aujourd’hui à peu près 150 € par habitant et que les élus vont devoir annoncer aux populations des augmentations très importantes de 10, 20% cette année. On n’arrive pas à baisser la quantité des déchets, on n’en recycle pas assez. Et puis on a de plus en plus de mal à trouver des solutions d’élimination des déchets résiduels. »
Pour cet expert, mettre en place une consigne pour les bouteilles, revient à faire payer deux fois les citoyens.
« Les Français vont payer deux fois. À la fois pour avoir un bac jaune à proximité de chez eux ou dans leur maison, et en plus, il va falloir qu’ils payent 0,15 € pour financer les automates. »
En revanche, le délégué général d’Amorce dénonce des manquements, concernant le recyclage des bouteilles en plastique dans l’espace public.
» Là où on est nul en France, c’est ce qu’on appelle le « hors foyer », c’est-à-dire la bouteille que vous achetez dans une boulangerie. Et que vous allez boire en allant au travail ou celle qu’on achète dans un stade de foot. Là, on est à zéro. On avait promis de mettre en place une collecte sélective dans les lieux publics, ce qui n’a pas été fait alors que c’était une obligation. »
En clair : si certains lieux de travail ou restaurants proposent déjà le tri sélectif, l’expert estime qu’on a encore beaucoup de chemin à faire. Notamment en proposant, vraiment, des bacs de collecte permettant de recycler les bouteilles en plastique partout.