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Dans un contexte économique marqué par l’inflation, de nombreux Français ont du mal à boucler leurs fins de mois. En cause ? Des revenus qui ont tendance à stagner, alors que les prix, eux, ne cessent de grimper. Et ce, dans tous les secteurs : énergie, alimentation, loisirs… Pour faire face au coût de la vie, pas le choix : il faut plus de pouvoir d’achat. Et pour les travailleurs, cela passe souvent par un geste de l’employeur. Néanmoins, une entreprise fonctionne avant tout sur une logique de rentabilité. Ainsi, sans négociation, il ne faut pas s’attendre à du changement. Pour vous aider à améliorer votre situation, Oualid Hathroubi, directeur du cabinet de recrutement Hays, a révélé ses conseils. On fait le point tout de suite.
Pouvoir d’achat : les Français, trop timides ?
D’après une récente étude menée par le cabinet Hays, 43 % des salariés n’osent pas demander une augmentation à leurs patrons. Pourtant, sans demande votre part, votre employeur a peu de chance de vous faire une belle proposition. Selon l’expert en recrutement, il faut impérativement aborder le sujet du pouvoir d’achat avec votre hiérarchie.
« Souvent, les salariés prennent l’habitude de rester sagement à leur place et ils attendent que leurs responsables viennent à eux et leur proposent quelque chose lors du plan annuel, lorsqu’ils ont réalisé de bonnes performances. Mais la réalité, c’est que si vous voulez quelque chose en entreprise, il faut le demander. Cela paraît tout simple, mais dans la réalité, c’est peu appliqué par les employés. »
Durant la négociation, rappeler le contexte a aussi son importance. En effet, dans le secteur alimentaire, les tarifs ont grimpé de 10 à 20 % sur certains produits. De fortes augmentations, qui ont forcément touché votre pouvoir d’achat.
» On se rend encore plus compte de la différence entre le salaire qu’on obtient et le coût de la vie. Les employés cherchent ainsi à augmenter leur rémunération. Mais en 2023, les hausses moyennes seront en dessous de l’inflation. »
Or, l’inflation se situe désormais autour des 5,9 %. Et si le gouvernement a revalorisé le SMIC, on ne peut pas en dire autant pour l’ensemble des salaires. Ainsi, certains connaissent déjà une réduction mécanique de leur pouvoir d’achat.
» Sur les postes cadres, cette année, il faut compter entre 4 et 5% d’augmentation, bien qu’il existe de fortes disparités selon les secteurs d’activités. »
Le marché de l’emploi bascule
Durant les dernières années, avec le chômage de masse, les entreprises avaient plutôt l’embarras du choix, en termes de main d’œuvre. Mais à présent, la dynamique des recrutements a changé. Dorénavant, bon nombre d’employeurs déclarent qu’ils ont du mal à pourvoir leurs offres. Résultat ? Les circonstances semblent bien plus favorables aux employés qui veulent négocier plus de pouvoir d’achat.
Pour Oualid Hathroubi, il s’agit d’un atout non négligeable dans la négociation.
» Depuis un an et demi environ, nous sommes passés d’un marché de clients à un marché de candidats avec davantage de propositions de postes que de personnes disponibles. Forcément, la rareté va faire que la rémunération est plus élevée. »
Ce constat peut toutefois varier, selon les branches professionnelles.
» C’est notamment le cas dans le secteur des technologies de l’information, du secteur de la santé ou encore des secteurs du génie électrique et climatique. Les hausses des salaires peuvent y atteindre les 10, voire les 15%. »
Pouvoir d’achat : quand faut-il en parler à son employeur ?
D’après le directeur du cabinet de recrutement Hays, l’époque paraît idéale pour demander augmentation. Et plus encore si vous exercez dans un milieu qui peine à trouver des candidats.
« Cela dépend bien sûr des secteurs, mais dans ceux qui manquent de main d’œuvre, en effet ! «
En effet, si les entreprises ont du mal à recruter, cela les conduit à faire des efforts pour garder les salariés déjà en poste. Dans ces conditions, elles risquent de faire plus de concessions en faveur du pouvoir d’achat des travailleurs.
» Les entreprises cherchent à fidéliser leurs collaborateurs, parce qu’elles voient la difficulté que c’est de recruter. C’est l’occasion de pouvoir discuter et échanger avec sa direction, d’autant que dans ce contexte, les sociétés sont plus ouvertes aux négociations et aux discussions sur les salaires. »
Avantages, télétravail : les sujets à ne pas négliger
Outre la question du pouvoir d’achat, Oualid Hathroubi conseille aussi aux salariés de négocier autour de leurs conditions de travail ou de certains coups de pouce.
» Il faut résonner sur comment on se sent sur son poste de travail, quelle est notre qualité de vie, quels sont les avantages à côté du salaire. Le travail à domicile est un avantage qui se négocie aujourd’hui en entretien. »
En effet, depuis la crise sanitaire, les mentalités ont beaucoup évolué au sujet du télétravail. Or, cette nouvelle modalité permet aussi de faciliter le quotidien. Rappelons aussi qu’un employeur peut aussi accorder des avantages, comme la Prime de Partage de Valeur, ou encore, une meilleure prise en charge des transports. S’il ne s’agit pas du salaire, ces aspects ont aussi un impact très important pour le pouvoir d’achat.
» La négociation, elle doit être globale, elle ne doit pas être vue que sur le prisme de l’augmentation de salaire. »
Pouvoir d’achat : négocier efficacement avec son employeur
Pour convaincre votre hiérarchie d’écouter vos revendications, il peut être utile de connaître votre valeur sur le marché de l’emploi. Vous pourrez ainsi lui faire savoir que vous restez à l’écoute de nouvelles opportunités. Cette attitude devrait suffire à convaincre votre employeur d’agir pour augmenter votre pouvoir d’achat. D’après Oualid Hathroubi, quelques gestes simples peuvent faire la différence.
« On peut faire jouer évidemment la concurrence en allant passer des entretiens dans d’autres entreprises et comparer ce qu’ils nous offrent. Mais si on parle souvent de négocier pour augmenter son salaire, il ne faut pas oublier que dans la rémunération, il y a ce que vous avez sur la fiche de paie à la fin du mois. Mais aussi les avantages que vous pouvez obtenir. »
L’expert en recrutement le rappelle, une fois de plus : certains coups de pouce jouent beaucoup sur notre pouvoir d’achat. Et, sur notre niveau de vie, de manière générale. Mutuelle, garde d’enfants… Certains employeurs savent offrir des services précieux, qui ont autant d’importance qu’un bon salaire.