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Le plafond des dépenses quotidiennes pour les tickets resto est désormais de 25 euros et non plus de 19 euros. C’est une bonne nouvelle pour les consommateurs qui peuvent les utiliser pour payer davantage de courses. Or, en cette période de crise, ce changement apparaît comme salvateur et bienvenu. Mais qu’est-ce que cache exactement cette hausse ? Petit tour d’horizon.
Les tickets resto ont-ils désormais plus de valeur ?
C’est le 1er octobre dernier que le plafond quotidien des tickets resto est passé de 19 à 25 euros. Mais c’est un autre changement de plafond qui nous intéresse ici. Ce dernier a été fait à la suite d’un amendement au budget 2023. Quand on parle du changement de 19 à 25 euros, on parle de la somme que vous pouvez dépenser chaque jour pour acheter à manger, faire vos courses. Mais le second changement, celui qui concerne la valeur faciale du titre, nous intéresse. Il est passé de 11.84 euros à 13 euros. Qu’est-ce que la valeur faciale ? Il s’agit de la somme maximum que vous pouvez percevoir en titre déjeuner par jour travaillé. Cela fait longtemps que les émetteurs de titre (Apetiz, Up, edenred) font cette demande.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, s’est d’abord opposé à ce changement. Tout simplement car il ne veut pas piocher dans les caisses de l’État. Et pour cause. Si la valeur faciale du titre est augmentée, alors la part exonérée de cotisations pour les entreprises est également augmentée. Or, l’État a besoin, surtout aujourd’hui, que ses ressources ne changent pas. Pour rappel, l’employeur prend à charge 50% à 60% de la valeur des tickets restaurants. Or, ce montant est exonéré. Ainsi, d’après les calculs de BFM TV, avec ce changement de plafond, un employeur peut verser jusqu’à 2 900 euros par an à ses employés en titres restaurant… sans payer aucune cotisation sociale. Le manque à gagner, selon Bercy, est donc de 140 millions.
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Changement de valeur des tickets resto : une bonne nouvelle pour les salariés ?
C’est ça qui intéresse les consommateurs. Et la réponse est non, pas vraiment. Selon Edenred, le leader du marché, l’augmentation du plafond de dépense n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Quant au passage à 13 euros de la valeur faciale, elle ne peut profiter à l’employé que si l’employeur accepte d’augmenter le montant des tickets resto distribués. Or, rien ne l’y oblige. De plus, une hausse fait augmenter la part à payer pour le salarié afin d’avoir des tickets resto.
BFM TV met en évidence le problème des consommateurs. « Certains salariés jugeaient préjudiciables que leur feuille de paie puisse être ponctionnée d’un montant qu’il devait utiliser uniquement pour payer une addition au restaurant, une quiche ou un sandwich à la boulangerie ou l’achat, au supermarché, de produits alimentaires consommables immédiatement« . Ce serait donc, en réalité, une baisse du pouvoir d’achat pour les salariés.
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Un ticket restaurant ou un chèque alimentaire ?
Dans La Croix, Youssef Achou, le président du groupe coopératif qui propose ses UpDéjeuner, s’insurge contre ces changements. « Le titre restaurant n’est pas du salaire mais un acquis social ! Il a une fonction précise : améliorer la qualité de vie des salariés grâce à une pause déjeuner de qualité pendant leur journée de travail. Son existence repose sur cet objectif social. Le banaliser, c’est, à terme, le condamner« .
Dans le meilleur des mondes, les chefs d’entreprise augmenteraient tous les revenus des salariés pour profiter des avantages offerts en terme fiscal. Ainsi, le nombre de bénéficiaires des tickets restaurant pourrait augmenter. Il devrait même augmenter, logiquement, même si aucun chiffre n’a été donné. On parle actuellement de 5 millions de bénéficiaires. C’est loin des 25 millions de salariés recensés en France.
Comme le rappelle MoneyVox, « un membre de la Commission nationale des titres restaurants (CNTR) juge que cette mesure ne sert que les entreprises et les salariés mais une fois de plus, pas les restaurateurs, déjà pénalisés par la multiplication des usages possibles du ticket resto (boulangerie, supermarchés…)« . Une chose est sûre, ces changements font beaucoup parler et ne parviennent pas à réunir tous les acteurs.