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Depuis le mois de septembre, le budget de la France divise la classe politique. Dans cette suite de débats, d’annonces, d’ordres et de contre-ordres, certains ont entendu dire qu’une nouvelle taxe allait s’appliquer aux foyers ayant des animaux de compagnie. Une rumeur largement alimentée par de nombreux posts sur les réseaux sociaux, mais aussi par des médias comme C8, qui n’ont pas hésité à lancer des sondages et des discussions sur le sujet. Y a-t-il une once de vrai dans cette « information » ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir.
Ce qu’on raconte à propos de la « taxe sur les animaux de compagnie »
Avant d’aller plus loin, rappelons que le gouvernement de Michel Barnier a été renversé ce mercredi 4 décembre 2024. Dans ce contexte, la loi de finances qu’il tentait de faire passer avec l’article 49-3 n’a pas été adoptée. Mais cela n’empêche pas certains internautes d’avoir une imagination débordante pour décrire la taxe sur les animaux de compagnie. Certains racontent qu’elle grimperait jusqu’à 100 euros et qu’elle s’appliquerait à tous ceux qui possèdent un chien, un chat ou même un poisson. De quoi faire grincer des dents…
On trouve même des informations chiffrées, avec des montants distincts selon les espèces d’animaux de compagnie : 100 euros pour un cheval, un chien ou un chat, 1 euro pour un poisson. Si tous ces détails ne suffisent pas à établir l’existence de cette taxe, d’autres prétendent qu’elle serait déjà à l’étude au niveau européen.
Un article parodique a fait basculer les plus crédules
En effet, cette annonce, qui occupe les bavards des plateaux télé et inquiète les contribuables français, n’a rien de vrai. Elle provient d’un site parodique, l’équivalent belge du Gorafi : Nordpresse.be. Pour avoir une idée du ton de ce média humoristique, il suffit de lire les titres à la une ce 5 décembre 2024 : « Ivre, il croit que la Belgique existe » ou encore « Panne informatique mondiale : Les utilisateurs de Mac se la pètent encore plus que d’habitude ».
Vous l’aurez compris : ce site s’amuse à traiter des sujets pour amuser les internautes. Or, l’article traitant de la taxe sur les animaux de compagnie remonte à 2014 ! Cela n’a pas empêché les plus naïfs de reprendre son contenu et de le partager, en le prenant pour argent comptant. Une situation qui a sans doute bien fait rire la rédaction de Nordpresse.be.
Les normes de l’UE concernant les animaux de compagnie
Il y a quelque temps, cinq eurodéputés ont soumis un projet de loi au Parlement européen. L’objectif ? Taxer les adoptions de chiens, à hauteur de 95 euros. L’idée n’était pas de pénaliser les ménages qui ont des animaux de compagnie, mais plutôt de cibler les personnes qui adoptent des boules de poils sans réfléchir, et qui finissent par les abandonner par la suite. Même si cette initiative paraît juste, les députés européens n’ont pas voté ce texte. Cette taxe ne prendra donc jamais effet.
Une taxe existait déjà dans l’hexagone autrefois
Entre le XIXᵉ et le XXᵉ siècle, les propriétaires de chiens devaient régler un impôt local spécifique. Cette fiscalité, lancée sous Napoléon III, devait permettre de réduire le nombre de ces animaux de compagnie pour limiter les chiens errants. D’ailleurs, cette taxe a existé jusqu’en 1970. Aujourd’hui, cet impôt n’existe plus en France, et malgré les rumeurs, aucun responsable politique n’a prévu de les remettre au goût du jour.
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Que se passe-t-il pour les animaux de compagnie dans les pays voisins ?
Dans l’hexagone, pour avoir un compagnon à quatre pattes, vous devez simplement l’adopter, le faire identifier et maintenir ses vaccins à jour. Mais dans d’autres États européens, il y a déjà une fiscalité pour les gens qui ont des animaux de compagnie :
- En Suisse, les contribuables qui ont un animal paient un impôt indexé sur son gabarit (poids/taille).
- Au Luxembourg, quand on a un chien, il faut régler une taxe de 10 euros par an.
- En Allemagne, dans certaines municipalités, les habitants peuvent payer jusqu’à 150 euros par an s’ils ont des animaux de compagnie.
Or, tous ces prélèvements ne servent pas uniquement à renflouer les caisses des gouvernements. En réalité, ces taxes financent plutôt des équipements et politiques pour nos amis les bêtes : parcs dédiés à la promenade des chiens, campagnes nationales de vaccination contre les maladies les plus courantes…